Samedi 22 Novembre 2014
Samedi 22 Novembre 2014 : le groupe a déménagé son local Pio, situé chapelle De Croisset, chemin Saint Christophe.
Samedi matin, 9h00, rendez vous pour une quinzaine d’entre nous, jeunes, parents, chefs .. pour la dernière rencontre au local Pio : chemin Saint Christophe, dans la chapelle De Croisset. Le terrain a été vendu depuis près d’un an déjà, mais le nouveau propriétaire très gentiment nous a laissé le temps de nous retourner pour organiser notre déménagement.
Ce matin est donc venu le temps du rangement, du tri pour expédier à la déchetterie (et oui, des trésors de mobiliers ,entre autres des superbes canapés hors d’age, et O.S.N.I. (Objets Scouts Non Identifiés) partent rejoindre la déchetterie en vue d’un recyclage ? ), et déménagement du matériel pio vers Roquevignon, en attendant d’avoir trouvé un nouveau local . (D’ailleurs , si vous avez connaissance d’un local disponible pour accueillir l’unité, faites le savoir !! )
Mais saviez-vous que c’est un local chargé d’histoire que nous quittons !
Cette chapelle faisait partie de la villa De Croisset.
Aquarelle de Jacques Lambert, revue « L’illustration » de Noël 1922 . La Chapelle se trouve dans la partie haute, à gauche (flèche rouge)
Cette villa fut conçue par Ferdinand Bac (petit cousin germain de Napoléon III). En 1912, au cours d’un dîner, il propose à Marie-Thérèse de Croisset de transformer sa maison dépourvue de tout caractère et de créer un jardin dans un site agreste doté d’une admirable vue sur la campagne de Grasse. Et l’artiste-écrivain-constructeur raconte :
« Notre propre tentative dans le sens d’une libération du plâtre et de l’emploi exclusif des plantes tropicales se produisit un soir de Noël 1912, dans une `villa Thérèse’ à Grasse…
Si ce domaine, me demandai-je alors, si dépourvu de caractère avec sa terrasse de gravier et ses grappes de palmiers-balais, était à moi, que ferais-je pour encadrer cet incomparable paysage à ses pieds, pareil à celui de Pérouse ou d’Assise, que ferais-je pour honorer cette perspective infinie qui à travers les vallées rejoint la mer ?
Aussitôt pensé, je me suis mis à gâcher un grand nombre de papier à lettre sur lequel je traçai d’une main nonchalante une suite d’arcades, de cours, de jardins clos, à travers lesquels on devait apercevoir, dans une douce captivité, l’enchantement d’une nature qui avait de tout temps – et si souvent en vain – invité les hommes à lui rendre hommage. Le lendemain déjà, on se mit à l’oeuvre. Et ce fut la Villa Croisset… »
(Ferdinand Bac, Noël 1943).
En 1914 la guerre interrompit brutalement les travaux ; mais une fois l’oeuvre terminée, on trouve dans ce coup d’essai les principes d’une « renaissance des jardins méditerranéens »
Pour couronner l’oeuvre de Grasse tout imprégnée d’une « harmonie franciscaine », une chapelle dédiée à «Saint François dans la solitude » fut édifiée au sommet du jardin :
« Elle est située dans le silence, en retrait d’une petite place où s’érige un calvaire. La vue descend sur les toits du cloître , sur les jets des fontaines, sur ces grandes pyramides sombres des cyprès qui ombragent les patios. C’est l’illusion d’un mirage de Grenade. Par-dessus ces vieilles tuiles rondes, ces nappes d’eau dormante d’un vert profond, les regards plongent jusqu’à la lointaine mer argentée où, en un dessin si noblement composé, tombent mollement les silhouettes estompées des Maures.
« Cette chapelle fut ornée de peintures, de vitraux qui rompaient avec tous les raffinements modernes par le seul emploi de l’éclat naturel des verres, d’un dessin archaïque (Ferdinand Bac, 1922)
« Les grilles au feuillage ferronné » (Ferdinand Bac, 1922)
De nombreux artistes, écrivains sont venus gouter du charme et de la paix de ce lieu. En particulier, Jean Cocteau est régulièrement venu séjourner à la villa de Croisset , et est très certainement venu s’imprégner de l’harmonie de la chapelle.
Mais l’histoire de la chapelle de Croisset, ce ne sont pas que des pierres et des vitraux, c’est aussi une histoire humaine, bien vivante, de notre groupe qui y a installé son local pio, après que la villa ait été détruite en 1975 pour permettre la construction de la résidence de Croisset.
Depuis, plus d’une centaine de « rouges » s’y sont retrouvés une à deux fois par mois, ensemble ont mené leur caravane et vécu leur cap sous la protection de Saint François. Ils ont joué, ri ensemble dans le plaisir d’avoir réussi, d’avoir conçu, d’avoir agi, d’avoir partagé. Ils ont travaillé, réfléchi, rêvé , ont refait le monde, ont exploré jusqu’où on peut aller, comment être plus et mieux soi-même, ……
Alors, inévitablement, il y avait une petite émotion lorsqu’on a quitté pour la dernière fois, samedi matin, ce lieu mythique …
Mais déjà, il faut reprendre la route. La caravane doit continuer son chemin et a encore beaucoup à construire !
Dans un premier temps, elle va poser ses valises, malles et tentes dans le « bureau » de Roquevignon, et va poursuivre sa route avec en ligne de mire cette année, le jamboree et le rassemblement « You’re up! » à Strasbourg en juillet 2015. Et, n’en doutons pas, Saint François continuera à veiller sur la caravane, même après avoir quitté la petite chapelle qui l’abritait …